Vue d'exposition
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Le petit attracteur, 2012, béton, plastiques, miroir, poussière, 50 x 50 x 16 cm
Le petit attracteur (détail), 2012, béton, plastiques, miroir, poussière, 50 x 50 x 16 cm
Mécanique du vivant, 2012, béton, polystyrène, pvc, Ø 40 cm
Mécanique du vivant, 2012, béton, polystyrène, pvc, Ø 40 cm
Et soudain le réel vacille, 2013, verre soufflé et taillé, Ø 7x27cm
À l'aplomb des hauteurs, 2012, fil, poussière, 9 x 4 cm
À l'aplomb des hauteurs, 2012, fil, poussière, 9 x 4 cm
#20
Jean-Baptiste Caron
DEGRÉS D'INCERTITUDE
Exposition personnelle
Texte de Nathalie Desmet
11/01/2013 -02/03/2013
Le travail de Jean-Baptiste Caron semble vouloir confronter les lois de la physique classique à une poétique de l’incertitude. À l’aide d’un vocabulaire formel évoquant le glissement imperceptible d’un état vers un autre : transformation, évolution, involution, entre-deux ou inframince, l’artiste remet au goût du jour la valeur du doute et de l’incertain. Avec Mécanique du vivant (2012), la trajectoire d’une sphère en béton, au lieu de parcourir une ligne droite, décrit une spirale d’un type particulier : celle qui prend comme proportion le nombre d’or. La spirale d’or, forme qui lie le monde invisible au monde visible, et qui sous-tend le cosmos en raison de sa présence constante dans la nature, n'est perceptible ici que dans le mouvement de la sphère. La divine proportion, comme l’a surnommée Luca Pacioli au 16e siècle, « un trésor d’un précieux et si rare secret », se retrouve de manière plus cocasse dans Le Petit attracteur (2012). Les relations du corps humain avec la divine proportion s’expriment dans cette œuvre par un effet mécanique singulier constaté sur le propre corps de l'artiste. Chaque jour son nombril accumule des fibres de couleurs variées et produit de petites pelotes nommées très sérieusement par certains spécialistes peluca ombilicus. Elles donnent au centre de gravité de l’être humain une fonction d’un genre bien étrange. Le titre fait référence au grand attracteur, un amas de galaxies et de matières constitué par l’attraction des masses de l’univers, et commente les effets parfois inédits de la force gravitationnelle sur notre corps. Ce que l’on considère habituellement comme les effets du désordre d’un système, ou d’une dynamique ne produisant rien de valable, est interrogé et réorganisé. Les produits de l’entropie font l’objet d’un réinvestissement. Ainsi la poussière ne retourne pas à la poussière. Avec À l’aplomb des hauteurs (2012), la traduction matérielle de cette force gravitationnelle est réalisée à l’aide d’un fil à plomb, cependant la masse est devenue poussières. Transformer le plomb en or a longtemps été la quête de l’apprenti alchimiste, Jean-Baptiste Caron préfère la poussière à l’or. Plus incertaine, plus volatile, plus à même de traduire l’axis mundis de notre temps présent, l’axe vertical qui régit l’ordre de l’univers. On peut parier que le mouvement pendulaire permettant de trouver son point d’équilibre est virtuellement sans fin. L’instrument de mesure, de rectitude qu’est le fil à plomb, devient symbole d’une verticalité difficile à maintenir. À l'inverse, la bouteille en plastique transmutée en verre (Et soudain le réel vacille, 2013) tient son aplomb d'un équilibre en apparence instable.